Les fontaines de Bruxelles et des anciens Pays-Bas, enjeux et pouvoirs (1350-1550)

Abstract

Dès le début du 15e siècle, les autorités de la ville de Bruxelles mirent tout en œuvre pour attacher la résidence de leur prince, le duc de Bourgogne, à la grande cité brabançonne. Ambitionnant le statut de première ville parmi les principautés des Pays-Bas, la Ville consacra notamment des sommes énormes à l’embellissement des hôtels particuliers où résidaient les hauts fonctionnaires et les dignitaires de la Cour, elle fit ériger à ses propres frais la grande salle (aula magna) du palais ducal et, aspect plus méconnu de cette politique d’embellissement et d’attraction, elle fit ériger un certain nombre de fontaines d’apparat au cœur de la cité. Comme l’indique une des cartouches du plan de Braun et Hogenberg (1572), « Bruxella, urbs aulicorum frequentia, fontium copia, magnificentia principalis aulae… », ces fontaines caractériseront longtemps le paysage bruxellois, au point qu’elles frappèrent de très nombreux visiteurs étrangers jusqu’à la fin du 18e siècle. La communication proposée ici fera le point sur la chronologie et sur les techniques d’édification de ce réseau de fontaines. En étudiant l’histoire de l’accès à la ressource en eau et de l’appropriation de l’espace urbain, cet exposé tentera aussi de montrer quelles furent les conséquences de l’apparition des fontaines sur la géopolitique de la ville. Plus globalement, cette contribution montrera aussi à quel point l’innovation technique spectaculaire que représentèrent ces fontaines participa de l’accession de Bruxelles à un niveau supérieur dans la hiérarchie des villes d’Europe du nord-ouest, tant d’un point de vue de l’administration et de la gestion du territoire, que dans la formation de techniciens spécialisés en matière de gestion des eaux. Dans ce contexte, la mobilité des « maîtres fontainiers » entre les villes de Brabant, de Flandre, de Liège et du Hainaut contribua aussi à la naissance d’une nouvelle image de l’urbanité dans ces régions.